Epices et cuisine française…

La mondialisation des saveurs est attestée depuis le Moyen Age mais elle se généralise au XVIIeme siècle. A l’époque, chaque région de France avait sa propre cuisine, ses produits, ses habitudes alimentaires, ses rituels, ses paysages. Les rois apparurent, unifièrent les provinces et permirent à la cuisine de s’épanouir à la cour, une cour sensible aux arts, à la mode, aux influences étrangères… Imaginons ce que chacun pensait, aimait, lorsque des marchands, des voyageurs rapportaient des nouvelles d’ailleurs, la Terre Sainte, la Renaissance italienne, la culture ottomane… Les grands marchands explorateurs se lancent dans l’aventure et commencent à sillonner les océans, on découvre la route des Indes orientales et occidentales, les sources du Nil ou du Yang Tse Kiang, les trafics s’organisent et les amitiés se scellent.
Les ports français deviennent alors la caisse de résonnance de ces autres cultures et les cuisiniers audacieux, à l’esprit aventurier, s’emparent des ces nouvelles saveurs et les intègrent dans leur cuisine… française.

Les épices sont des exhausteurs de goûts qui révèlent les plats et pour ma part, considérant qu’un cuisinier doit se montrer digne de ce que lui offre la nature, j’essaie de sublimer les produits en utilisant aussi les épices d’ailleurs… que je rapporte de mes voyages. Ma cuisine du Relais Gourmand*** a toujours travaillé cette émotion que j’ai depuis l’enfance, rêvant de construire des ponts entre les cultures et les hommes.
Parlons cuisine maintenant. Vous aimez la blanquette de veau, le pot-au-feu, le poulet rôti ? Comme Jane et moi. Alors osez les magnifier avec des épices, révéler une facette du plat, jouer avec celui-ci qui appartient à notre culture culinaire.

Dans le bouillon du pot-au-feu, jetez du piment Chili Piquin du Mexique, un petit piment très puissant et très vif, adoré des Aztèques, du poivre neelamundi, un poivre du Kerala, rare, au nez floral et végétal, de la cardamome noire, et bien entendu le clou de girofle aux parfums sensuels et enivrants…
Le poulet rôti est dynamisé de piment Chipotle Meco rapporté par Christophe Colomb, sa belle longueur en bouche, très aromatique et sa rondeur avec des notes boisées à peine fumées font merveille, des baies de genièvre au goût poivré, résineux et sucré, et du poivre de la Jamaïque qui possède le parfum et le goût à la fois du poivre, de la cannelle, du clou de girofle et de la muscade…
La blanquette quant à elle, délicatement acidulée, crémeuse, raffinée, gagne à se retrouver embellie de macis, cette résille de fibres rouges qui enveloppe une coque qu´il faut briser pour obtenir la noix de muscade, et de graines du paradis, au petit goût piquant entre poivre et gingembre…
Osez magnifier la cuisine française en la confrontant aux cultures du monde !